A Johannesburg , l'artiste Reshma Chhiba crée un YONI géant qui crie et qui rit pour dénoncer les violences faites aux femmes. Bravo !!!
Près de 65.000 viols sont officiellement recensés chaque année dans le pays, l'un des taux les plus élevés du monde. Dans une relative indifférence.
Le Huffington Post Québec | Par Agence France-Presse Publication: 02/09/2013 08h26
Le visiteur est accueilli par un cri strident, puis par un rire rauque... Il pénètre de plain-pied dans un vagin! Une installation artistique à Johannesburg qui intrigue ou dérange les Sud-Africains, bien ancrés dans une culture machiste dominante.
Lorsqu'on a demandé à l'artiste conceptuelle Reshma Chhiba, 30 ans, de concevoir une oeuvre d'art pour une ancienne prison de femmes de l'époque de l'apartheid, où Winnie Mandela fut incarcérée deux fois, elle y a vu une occasion de lancer au monde un message sur le véritable pouvoir des femmes.
Le "Yoni" sonore
Cette jeune hindouiste pratiquante a inventé un "Yoni" sonore. Le mot désigne le vagin, ou la vulve, en sanscrit, la langue des textes religieux hindous.
Il s'agit d'un tunnel de 12 mètres de long, réplique d'un canal vaginal. L'entrée est bordée de minces bandes noires soyeuses qui évoquent les poils pubiens. L'intérieur est tapissé de velours capitonné d'un rouge éclatant.
"C'est un vagin qui crie, dans un espace où furent autrefois enfermées des femmes", explique l'artiste à l'AFP. "Au niveau du symbole, le message, c'est que le vagin est un espace de pouvoir, qui se révolte contre la prison en criant, mais aussi en riant, en se moquant d'elle, mais qu'il est aussi un espace sacré qu'il convient de respecter." "Je n'ai absolument pas créé cette oeuvre pour le plaisir de la polémique", affirme Reshma. C'est pourtant exactement ce qui est arrivé.
"C'est la partie la plus intime de mon corps. J'ai grandi à la campagne, on nous apprenait à ne pas exposer notre corps. Il ne fallait pas montrer ses cuisses. Alors, le vagin!", réagit Benathi Mangqaaleza, une jeune femme de 24 ans qui travaille sur place comme garde de sécurité.
"Pour moi c'est pornographique. Je pense qu'ils sont allés trop loin", dit-elle. Mais la jeune artiste sud-africaine n'a que faire des critiques. Pour elle, l'essentiel est de défier la culture patriarcale de son pays. "Vous n'entendez pas souvent des hommes parler de leurs parties intimes et dire qu'ils sont écoeurés, ou honteux", mais les femmes éprouvent parfois de la honte, constate-t-elle.
"Et ça, déjà, ça en dit très long sur la façon dont on nous a appris enfant à penser notre corps." Elle a consacré des années de recherches à la déesse hindoue Kali, qu'elle considère comme un symbole de défiance. Elle a été choquée par les critiques et les accusations de blasphème qui se sont abattues sur elle, notamment de la part d'Hindous, qui constituent une importante communauté en Afrique du Sud.
Se déchausser avant d'entrer
Le visiteur, pour entrer dans le vagin, est invité à se déchausser: "En posant vos chaussures, vous montrez que vous le respectez, que vous en faites un espace divin, un espace sacré", insiste-t-elle, émettant l'espoir que son oeuvre, à sa façon, apporte une contribution à la lutte contre le viol, fléau social en Afrique du Sud.
Près de 65.000 viols sont officiellement recensés chaque année dans le pays, l'un des taux les plus élevés du monde. Dans une relative indifférence.
"Gender Links" ("Liens entre les sexes"), une association qui milite pour l'égalité homme/femme en Afrique du Sud, a félicité Reshma Chhiba pour son travail, et pour avoir donné une nouvelle occasion de débattre d'un sujet resté secondaire dans les préoccupations des Sud-Africains. "Ceci amène le domaine privé vers la sphère publique, le corps de la femme n'est pas nécessairement une affaire privée", note ainsi Kubi Rama, la présidente de Gender Links.
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