Sexe : les femmes doivent savoir que leur vulve est belle… et apprendre à l’aimer
Pour lutter contre les diktats esthétiques du porno, une Australienne de 24 ans a décidé defaire la "révolution de la vulve" en créant un Tumblr avec des photos de sexes féminins, le Large Labia Project. Pour le sexologue Pascal De Sutter, ce site est une bonne initiative, mais, s'il l'on veut que les femmes acceptent leur corps, souligner la diversité des lèvres ne suffira pas.
(Crédit photo : _LYNNN/FLICKR cc)
Les critères esthétiques autour de la vulve ne sont pas si récents que ça. L’infibulation, une mutilation génitale qui revient à suturer la majeure partie des grandes ou des petites lèvres, est pratiquée depuis longtemps au Soudan ou en Erythrée. On retrouve même des traces de cet usage sur des momies égyptiennes.
Le poil a disparu… et révélé la vulve
Si vouloir que la vulve soit sans reliefs, toute lisse, nette et donc supposément "propre", n’est pas nouveau sur notre planète, c’est un phénomène plus récent en Occident, qui est apparu avec la mode de se raser ou de s'épiler le pubis. À partir du moment où on rase, on voit la vulve en détail !
Dans "L’Origine du monde", de Gustave Courbet, il y a tellement de poils qu’on ne voit presque pas la vulve. Idem dans les "Playboy" des années 1970. Les lèvres des femmes qui posaient et s’exposaient pouvaient être petites, grandes ou minces, peu importait puisqu'on ne les voyait pas.
Aujourd’hui, le poil a disparu et a révélé la vulve, dans toute sa splendeur… ou son horreur, selon le regard que l’on pose dessus. Par conséquent les femmes vont se poser des questions sur la normalité de leur vulve. D'autant que, lorsqu'elles s'épilent, elles regardent leur sexe et vont le trouver, notamment par comparaison avec les images pornographiques, plus ou moins esthétiques.
Les normes actuelles sont à l’opposé de celles qui avaient cours en Afrique du Sud, lorsque lesHottentot tiraient sur les petites lèvres des petites filles parce qu’ils trouvaient plus esthétique que les petites lèvres pendent plus que les grandes lèvres. Aujourd’hui, certaines femmes se font à l’inverse des opérations de chirurgie esthétique visant à raccourcir les petites lèvres. Ou encore des injections pour gonfler leurs grandes lèvres et les rendre plus érotiques.
Un beau sexe est un sexe vivant et voluptueux
Il est donc intéressant que des femmes, comme cette Australienne avec son Large Labia Project, essayent de montrer que toutes les formes de vulve existent, comme toutes les formes de seins ou de bouche. Mais dire qu’il n’existe pas un modèle standard de vulve ou de lèvres n’est pas la question : les femmes s’en doutent.
Ce qu’il faut souligner, c’est que certains hommes aiment les vulves discrètes, avec peu de relief, et des petites lèvres quasi inexistantes, que d’autres aiment les vulves plus charnues, les considérant comme plus appétissantes et attractives, et que d’autres encore trouvent que de longues petites lèvres sont sexy.
Comme pour les seins ou les mamelons, il n’y a pas de norme : on peut aimer les fortes ou les petites poitrines, les petits mamelons foncés ou les gros mamelons roses. Sans oublier que l’on peut aussi attribuer de la beauté à ce que certains considèrent comme un défaut s’il existe une émotion par ailleurs : on peut ainsi s’éprendre des vergetures sur les fesses de la femme aimée.
L’important, c’est aussi la manière dont la femme vit son érotisme et tire du plaisir de sa vulve. Si elle la savoure, qu’elle aime se toucher ou se faire lécher, l’homme verra un sexe vivant, enthousiaste et voluptueux. Quand les femmes sont mal dans leur peau et n’aiment pas leur vulve, c’est rédhibitoire.
La beauté, c’est une question de perception et cela s’apprend. Cessons dès l’enfance de faire comprendre aux gamines que leur sexe doit être caché parce qu’il est sale et dégoûtant. Et changeons de vocabulaire : plutôt que d’utiliser des termes vulgaires et indécents comme "con" ou "chatte", parlons de "fleur", de "pétale" ou de "fruit". Tout cela fait partie de l’éducation érotique : c’est ainsi que l’on peut apprendre à aimer sa vulve et à apprécier qu’elle soit dégustée.
Propos recueillis par Daphnée Leportois.
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